#024 - Je suis cramé
Vous avez déjà du ressentir cette sensation.
Vous êtes à bout. Au bout.
Plus de force. Plus d’énergie. Complètement à plat.
Et on regarde ses personnes qui se lèvent à 5h du matin. Elles ont le temps de courir, se préparer un petit déjeuner, écrire, se doucher, s’habiller, et tout ça avant même 7h du mat. Elles ont la pêche toute la journée et finissent leurs journées tard le soir.
Moi, j’ai juste eu le temps d’émerger et de me faire un café.
C’est le modèle qu’on se donne de la productivité. C’est l’image mentale qu’on s’en est construite. Des journées qui commencent très tôt. Et qui finissent très tard.
En ce qui me concerne, ça fait longtemps que j’ai jeté cette image à la poubelle. La productivité n’a rien à voir avec le fait d’avoir de très longue journée hyper chargées.
Etre productif, c’est faire ce qu’il faut faire quand on doit le faire. Ni plus. Ni moins.
C’est ce bon dosage qu’il est impératif de trouver pour ne pas se cramer. Pour ne pas s’user de l’intérieur.
Dans l’écriture, l’un de mes modèles est Stephen King. Stephen King est un auteur très prolifique. Il écrit au moins un roman par an depuis plus de 30 ans. Dans son livre “On Writing” (“Sur l’écriture” en français) , il nous donne un de ses secrets:
“I like to get ten pages a day, which amounts to 2,000 words.”
On pourrait croire que Stephen King passe sa journée à écrire. Pas vraiment. Il écrit 2000 mots par jour.
Hemingway lui en écrivait entre 500 et 700 par jour.
Stephen King ajoute même qu’il ne passe que quelques heures par jour à écrire. Le reste du temps, il le passe à se balader avec sa femme, à lire ou à aller regardes des matchs de base-ball.
Tout deux restent des auteurs prolifiques.
La clé pour éviter de s’épuiser ? En faire juste assez.
Mais c’est quoi “juste assez” ?
On pense souvent que le plus dur est de commencer. En réalité, le plus dur est de savoir quand s’arrêter.
Le rythme de croisière.
On peut appeler ça le rythme de croisière ou encore le “flow”. Il est important de trouver son “flow”.
Mais comment le trouver ?
Pas de recette miracle. Pas de secret. Il faut faire un travail d’inspection. Voir d’introspection. C’est un travail sur plusieurs semaines ou mois. Vous devez savoir ce que vous voulez.
Déterminons ensemble le “flow” de Stephen King.
Toujours dans l’excellent “On Writing”, Stephen King nous dit:
“That’s 180,000 words over a three-month span, a goodish length for a book — something in which the reader can get happily lost, if the tale is done well and stays fresh.”
Il est écrivain. C’est son métier. Son gagne pain. On pourrait croire qu’il y passe tout son temps. Que le temps est la mesure de tout.
Plutôt que de se baser sur le temps, Stephen King se base sur le mot.
Il nous explique ensuite que pour faire un bon livre dans lequel le lecteur pourra joyeusement se perdre, il lui faut 180 000 mots. Il a son objectif.
Il nous dit qu’une période de 3 mois pour écrire un livre est une bonne période. Soit 90 jours en moyenne.
Vous divisez 180 000 par 90 et vous tombez sur 2 000. Pour écrire un livre qui lui correspond, Stephen a besoin d’écrire seulement 2 000 mots par jour. Ni plus. Ni moins.
C’est ça son “flow”.
Il pourrait se dire: Je vais être encore plus productif, je vais écrire 6 000 par jour pour pouvoir écrire ce livre en seulement un mois.
Il pourrait se dire: 180 000, c’est long. Soyons plus rapide et faisons un livre plus court. Mettons 100 000 mots.
Stephen King ne se dit rien de tout ça. Il sait ce qu’il veut faire. Il sait comment le faire. Et il le fait à son rythme.
Il ne se crame jamais. Et il écrit un livre minimum par an depuis plus de 30 ans.
C'est là pour moi la meilleure définition de la productivité.
Ensuite que vous soyez matinale ou pas, c’est votre organisation personnelle. Mais ce n’est pas en se levant tôt et en faisant mille choses que vous serez productif.
Vous serez très occupé certes. Mais pas productif.
Je l’ai appris à mes dépends il y a quelques années alors que je préparais des compétitions de Grappling. Je m’entrainais entre 3h et 4h par jour du lundi au samedi. Et le dimanche ? J’allais courir une à deux heures.
Résultat: je me suis blessé et je n’ai jamais fait cette compétition. Mon corps a lâché alors que je me pensais au top de ma forme. Ce top de ma forme a pris la forme d’une rupture musculaire.
Le plus difficile est que j’avais le niveau avant même cette surdose d’entrainement.
On pense que bien faire, c’est en faire plus. En faire beaucoup. En faire trop.
La seule chose qu’on puisse trouver sur ce chemin, c’est l’épuisement.
Ça peut paraître contre-intuitif mais être productif, c’est:
En faire le moins possible.
Imaginez que vous voulez perdre du poids. Plutôt que de partir sur perdre 20 kgs en un mois ce qui équivaut à 4 à 5 kgs par semaine, partez sur perdre 500 grammes à 1 kg par semaine.
Alors oui, vous mettrez 6 mois au lieu du un mois que vous visiez. Mais c’est un excellent rythme de croisière.
Et peu importe si sur Youtube ou Instagram, on vous montre des personnes qui ont perdu 20 kgs en un mois. Ce qu’on ne vous montre pas, ce sont les restrictions alimentaires draconiennes qui vous coupent de toute vie sociale. On ne vous montre pas certaines opérations chirurgicales. On ne vous montre pas les 5 heures d’activités physiques par jour. On ne vous montre pas la douleur, la souffrance. Les larmes.
Vous avez sûrement une activité professionnelle. Vous suivez peut-être des études. Vous avez une famille, des enfants. Vous vous voyez y ajouter 5 heures de sport par jour ?
En revanche, 15 à 20 minutes de sport par jour, c’est jouable.
Retirer une tranche de pain ou ne manger que les deux tiers de son assiette, c’est jouable aussi non ?
Dire Non
C’est l’un des mots les plus puissants que je connaisse. Non.
C’est un mot parfois compliqué à dire. C’est sûrement ce qui le rend précieux et puissant.
On ne peut être productif si on ne sait pas dire non.
Non à des inconnus. Non à des amis. Non à des proches. Non à soi même.
Nous sommes tous hyper sollicités par l’environnement extérieur. On ne peut pas répondre positivement à toutes ces sollicitations. C’est impossible.
Dire non, c’est prioriser. Dire non, c’est renoncer.
Dire oui à tout, c’est ouvrir la porte à la complexité. C’est ouvrir la porte à des choix parfois cornéliens. On fait entrer le chaos dans notre vie. C’est se compliquer la vie.
Dire oui risque de vous engager à faire des choses que vous ne voulez pas faire. Des choses qui ne sont pas importantes pour vous. Des choses qui n’ont rien à voir avec ce que vous vouliez faire.
Vous n’avez pas besoin de plus. Vous avez besoin de moins.
C’est le principe d’optimisation. Optimiser, c’est retirer ce qui n’est pas nécessaire.
Dans les faits, à chaque fois que vous pensez que vous devriez en faire plus, c’est sûrement que vous devriez en faire moins.
Soyez productif.
Faites en moins.
Une citation
“Simplicity boils down to two steps: Identify the essential. Eliminate the rest.” ― Leo Babauta
Un article
Un article (en anglais) dans lequel j’ai appris pas mal de choses.
Un article qui salue le talent, l’ingéniosité et l’abnégation de deux grandes artistes qui ont magnifiquement contourné l’interdiction qui était faite aux femmes de leur époque de faire de la peinture et de la sculpture.
Une astuce d’écriture
“Michelangelo’s, da Vinci’s, Tintoretto’s billion sketches, the quantitative, prepared them for the qualitative, single sketches further down the line, single portraits, single landscapes of incredible control and beauty.”
C’est un conseil de Ray Bradbury.
Ecrivez. Dessinez. Tout ce qui vous passe par la tête même si ça peut ne pas avoir de sens. Même si ça vous semble imparfait. Même si vous ne savez pas où ça vous mène.
Une question
Un W.O.D
(30 Climbers - 10 Pushups - 30 Situps - 30 Squats - 50 Jumping Jacks) x 5 round
30 secondes de repos en chaque round
A demain !